In Le Monde, 02.07.2014
Plus de 300 migrants évacués d'un camp à Calais
La police a évacué, mercredi 2 juillet, le principal camp de migrants de Calais, installé dans un centre de distribution de repas dans la zone portuaire, ainsi que trois squats. Au total, 320 personnes, dont une soixantaine de mineurs, ont été expulsés, selon la préfecture. « Ils vont être auditionnés dans un cadre administratif pour étudier leur situation qui sera examinée au cas par cas », a expliqué le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin.
Peu après 6 h 30, plusieurs centaines de personnes, installées depuis
fin mai, ont été encerclés par les CRS et les gendarmes. Une quinzaine
de cars ont ensuite pénétré dans l'enceinte pour emmener les migrants, alors que les journalistes étaient tenus à distance.
Selon plusieurs témoignages, policiers et gendarmes sont entrés dans
cet espace recouvert de macadam, où les migrants campaient dans des
tentes, par un hangar au centre de l'enceinte entourée de murs et de
grilles. Tous les accès avaient auparavant été bloqués par des cars de
CRS. Des policiers à bord de Zodiac étaient aussi présents pour sécuriser les accès à la mer.
GAZ LACRYMOGÈNE ET INTERPELLATIONS
Sur Twitter, un journaliste de RTL mentionne l'usage de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre.
Ce que confirme le témoignage d'une bénévole, recueilli par l'AFP :
« J'étais à l'intérieur, les flics sont arrivés, ils ont bloqué toutes les sorties, ont utilisé des gaz lacrymogènes pour empêcher les gens de s'enfuir. Les gens dormaient, ils n'ont pas eu le temps de sortir. »
La police a par ailleurs procédé à trois interpellations : deux militants du collectif No Border et le responsable associatif Jean-Claude Lenoir, de l'association Salam qui distribue des repas quotidiennement aux migrants.
« SITUATION SANITAIRE CRITIQUE »
Cette opération avait été autorisée fin juin par le tribunal administratif de Lille
saisi en référé par la mairie de Calais. Le juge avait notamment motivé
sa décision par le caractère prolongé de l'occupation des lieux,
l'insuffisance d'infrastructures sanitaires et l'entassement de
détritus, conférant un caractère d'urgence à la situation.
L'avocat des migrants, Me Clément, avait saisi en urgence
la Cour européenne des droits de l'homme, dans la nuit de lundi à mardi,
laquelle a répondu mardi que « le juge (…) a décidé d'inviter le gouvernement français à répondre à la question suivante : quelles sont les mesures prises pour assurer le relogement des requérants en cas d'expulsion (…) ? » Question, que, selon La Voix du Nord, l'avocat a transmis au gouvernement, mardi soir.
Ce camp s'était formé après l'évacuation par la police de trois autres camps abritant quelque 650 personnes, le 28 mai. Le 18 juin, le préfet du Pas-de-Calais avait appelé les migrants candidats au départ pour la Grande-Bretagne à accepter un hébergement en France annonçant notamment que leur demandes d'asile serait « traitées en urgence ».
Au cours des cinq premiers mois de l'année, quelque 3 000 clandestins
ont été interceptés à Calais, contre trois cents pour la même période
en 2013.
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