LA
CIMADE
Communiqué
de presse - 16.04.14
Face
à la dégradation continue de ses conditions d'intervention, La
Cimade se retire d'une partie des centres de rétention
administrative
Le
marché public régissant la mission « d’information et
d'assistance juridique » auprès des personnes étrangères
enfermées dans les centres de rétention administrative vient
d'être renouvelé pour la période 2014-16.
La Cimade a été, en 1984, la première association, et pendant
longtemps la seule, à intervenir dans ces centres. L'enjeu
capital, à l'origine de la mission qui lui avait été confiée,
était d'assurer une présence citoyenne garante du respect des
droits des personnes étrangères placées dans des centres de
rétention administrative. Pendant toutes ces années, La Cimade a
défendu cette approche en structurant sa mission autour de deux
activités principales : aider à l'exercice effectif des droits,
observer et témoigner publiquement du traitement réservé aux
personnes enfermées.
Depuis que cette mission est gérée dans le cadre d'un « marché
public », c'est une logique économique de moindre coût et de
prestation de service qui s'est imposée, entrainant pour La
Cimade, et au détriment des personnes enfermées, une dégradation
continue des conditions d'intervention, de sa liberté d'action
et d'organisation de cette mission qu'elle avait contribué à
forger. Aujourd'hui, au regard des restrictions financières et
règlementaires toujours plus importantes imposées par le
ministère de l'Intérieur, c'est la nature même de cette mission,
qui est peu à peu remise en question.
Malgré les efforts entrepris pour obtenir des conditions
d'exercice de sa mission moins détériorées que celles proposées
initialement pour le marché 2014-2016, La Cimade n'est pas
parvenue à faire prévaloir l'ensemble de ses propositions.
Elle a fait le choix de se retirer des centres du Languedoc
Roussillon (Nîmes, Perpignan et Sète), plutôt que de rogner
encore davantage les conditions d'intervention de ses salariés
et de participer ainsi à l'aggravation du traitement réservé aux
personnes enfermées dans ces centres. A compter d'avril 2014,
elle n'intervient plus que dans neuf centres situés en Outre-mer
(Guyane, Guadeloupe, La Réunion), Bretagne (Rennes), Sud-Ouest
(Hendaye, Bordeaux, Toulouse) et Ile-de-France
(Mesnil-Amelot).
Consciente de la difficulté à assurer cette mission dans des
conditions dégradées, La Cimade va poursuivre néanmoins son
engagement auprès des personnes étrangères et son rôle de
vigilance active, dans un contexte où l'Etat recourt massivement
à l'enfermement en centres de rétention administrative des
personnes soumises à un éloignement forcé, y compris pour les
plus vulnérables (étrangers malades, pères de famille…).
Témoin de l'humiliation et des souffrances vécues par des
milliers de personnes étrangères enfermées au seul motif de
l'irrégularité de leur séjour, La Cimade continue de revendiquer
la suppression de tous les lieux de privation de liberté
spécifiques aux personnes étrangères ainsi qu'une réforme
législative profonde pour une autre politique d'immigration.
www.lacimade.org
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